Tendances | Le 29 Janvier 2025 | Par Sonya Delelis
Dans un contexte marqué par la crise climatique, sociale, l’inflation …, l’incertitude domine. Face à cela, une tendance étonnante émerge : 70 % des 18-24 ans en France croient aux pseudosciences, tandis que le hashtag #crystaltok cumule plus de deux milliards de vues et sur TikTok il y a l’influenceuse/ voyance : sonya voyance, @sonyavoyance.

L’attrait des pseudosciences
Sorcellerie, voyance, numérologie, cartomancie et astrologie : selon une étude de l’Ifop, 58 % des Français déclarent croire en au moins une de ces pratiques. Ce chiffre grimpe à 70 % chez les 18-24 ans, soit 10 points de plus que la moyenne nationale. Les femmes, à 63 %, semblent également plus réceptives que les hommes (52 %).
Le succès de l’astrologie
Parmi ces disciplines, l’astrologie séduit le plus : 41 % des Français s’y intéressent, contre 30 % des Américains. Des comptes comme Astrotruc, suivi par plus de 350 000 abonnés sur Instagram, en témoignent. L’astrologie s’inscrit désormais au cœur de la culture populaire, inspirant même des campagnes comme celle de la SNCF, qui a utilisé une esthétique ésotérique pour cibler la génération Z sur Instagram et TikTok.
Longtemps cantonnée à la fiction, l’ésotérisme déborde aujourd’hui dans la vie quotidienne, souvent associé au développement personnel et aux médecines alternatives. Ainsi, plus d’un quart des Français ont déjà consulté un spécialiste de ces disciplines, et 14 % ont eu recours à la voyance – une pratique en hausse de 13 points entre 1986 et 2020.
Quand le rock rencontre l’ésotérisme
L’ésotérisme trouve aussi un écho dans des initiatives originales comme L’oracle du rock de Virginie Despentes. Ce tarot revisite les icônes du rock – Pink Floyd, Janis Joplin, Marvin Gaye – en les associant à des cartes classiques, mêlant biographies et taromancie. Si la cartomancie reste moins répandue que l’astrologie, près d’un quart des Français (23 %) croient encore aux tirages de cartes, les femmes y étant particulièrement sensibles.
L’ésotérisme en vogue
L’ésotérisme, autrefois relégué à la marge, s’impose désormais comme une composante incontournable des aspirations de la génération Z.
Les problèmes de la société sont un vecteur favorisant l’essor de pratiques ésotériques et de tendances axées sur le développement personnel.
Selon Santé Publique France, trois millions de Français souffrent de petites dépressions passagères. Dans ce contexte d’incertitude, nombreux sont ceux qui se sont tournés vers des disciplines alternatives pour tenter de comprendre leur situation. Ainsi, durant la crise sanitaire, 20 % des personnes interrogées ont sollicité l’avis de spécialistes sur des questions liées au Covid-19.
Une génération en quête de sens
La succession de crises — sanitaire, économique, climatique et géopolitique — a fragilisé la confiance en l’avenir, notamment chez la génération Z. Selon le Baromètre Étudiant 2022, 78 % des jeunes déclarent leur optimisme est en baisse. Pour atténuer leurs inquiétudes et trouver des réponses, ils se tournent vers des pratiques ésotériques.
Louise Jussian, chercheuse à la Fondation Jean Jaurès, note une rupture générationnelle importante. Selon elle : « Les jeunes se détachent du monde d’avant la crise pour trouver des clés de compréhension et des réassurances. » Cette quête reflète une crise de confiance envers les institutions traditionnelles — médias, politique, science institutionnalisée ou encore religion. Face à ce désenchantement, les jeunes développent leurs propres façons de décoder la société.
Les entreprises, un nouvel espoir ?
Les jeunes attendent désormais des entreprises qu’elles agissent avec transparence et responsabilité sociale. Si la génération Z explore volontiers les pratiques ésotériques, elle conserve également l’espoir que les entreprises jouent un rôle actif dans la construction d’un avenir meilleur, à condition de démontrer des engagements concrets.
Bien que défiants envers les institutions classiques, les jeunes conservent une certaine foi en les grandes entreprises. Chez les 18-34 ans, ces dernières sont perçues comme des acteurs clés pour relever les défis sociétaux.